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Le stress: plus subtil qu’il ne le laisse paraître

Août 30, 2019 | Bien-être, Science

J’ai remarqué que les gens se disaient rarement stressés. Toutefois, lorsque nous avons des conversations avec nos collègues, nos amis ou nos proches, ces derniers nous mentionnent souvent qu’ils sont fatigués, qu’ils font de l’insomnie ou qu’ils sont malades. Plusieurs d’entre eux mentionnent également qu’ils aimeraient être plus «zen». N’est-ce pas contradictoire de vouloir être plus «zen», mais de ne pas se sentir stressé?

À la question «Es-tu stressé?», la personne répondra généralement : Non. Est-ce la vérité, par peur de l’avouer ou tout simplement par manque de connaissance?

 

Le stress, c’est quoi au juste?

Il y a quelques années, je me suis moi-même posé la question. Comme bien des gens, je ne me considérais pas particulièrement comme une personne stressée. Dans mon livre à moi, la personne stressée était celle qui le démontrait clairement. Pour moi, le stress c’était lorsqu’une personne était clairement anxieuse, énervée ou quand elle ne tenait pas en place… Je suis certaine que vous avez toutes et tous une image en tête d’une personne stressée et stressante! N’est-ce pas?

Ceci étant dit, le stress peut être beaucoup plus subtil qu’il ne le laisse paraître.

Avez-vous de la difficulté à dormir? Êtes-vous fatigué ou en manque d’énergie? Avez-vous des problèmes de digestion ou des reflux gastriques? Avez-vous l’impression d’être toujours malade?

Et si c’était la faute du stress? Vous y avez pensé?

Bien que le stress puisse parfois être bénéfique (pensons notamment au bon stress comme le trac), un stress non pris en charge peut avoir des effets néfastes sur la santé. Si vous avez répondu OUI à l’une des questions précédentes, il se peut bel et bien que vous soyez stressé!

Alors qu’est-ce que le stress au juste?

Il s’agit essentiellement d’une réponse physiologique (ou biologique) de notre corps à des éléments stresseurs. Ce qui est à la fois fascinant et déconcertant est le fait que notre réaction physiologique face à ces éléments date de l’époque des hommes des cavernes et que celle-ci n’a pas changé même si les stresseurs sont extrêmement différents. Oui, oui, vous avez bien entendu : nous réagissons encore aujourd’hui comme les hommes de Neandertal! Il s’agit en fait de ce que l’on appelle en anglais la fight-or-flight response, traduite par réponse de combat-fuite, en français.

 

Au secours, il y a un mammouth!

 

La Dre Sonia Lupien, responsable du Centre d’études sur le stress humain (CESH), explique bien ce phénomène en nous racontant comment l’humain devait, à l’époque, se défendre face à un mammouth. D’autres feront l’analogie en parlant tantôt de tigres à dents de sabre, tantôt d’ours.

Ce qui est ici important de comprendre est le fait que face à un grand danger, par exemple un mammouth, un mécanisme de défense instinctif était enclenché chez l’humain préhistorique afin d’assurer sa survie : un stress instantané qui obligeait l’homme préhistorique à combattre ou à fuir.

Pour être en mesure de combattre un mammouth, qui soit dit en passant est un animal colossal, ou de prendre ses deux jambes et de fuir à haute allure, l’homme préhistorique avait besoin d’une grande quantité d’énergie, et ce, rapidement. C’est ainsi que le stress enclenche une série de réactions chimiques (biologiques) afin de permettre à l’homme sa survie. En voici quelques exemples :

  • La digestion sera inondée d’acide afin d’arrêter la digestion: comme vous le savez peut-être, le processus de digestion demande énormément d’énergie à notre corps. Puisque l’homme préhistorique a besoin de toute l’énergie possible, ces fonctions seront mises en veille avoir d’accroître ses sources d’énergies ;
  • Ce même acide pénètrera la peau: ainsi, si l’homme est mordu par un dangereux animal, ce dernier risque de ne pas trouver le goût de sa proie agréable et décidera peut-être de laisser tomber ;
  • Le système cardiovasculaire pompe : pour que les muscles soient prêts à combattre ou à fuir, les battements de cœur augmenteront afin de pomper plus de sang vers les muscles. Pas surprenant que le cœur batte vite lorsque nous sommes stressés! ;
  • Le sang s’épaissit et commence à coaguler : encore une fois, cela permet à l’homme d’éviter de saigner à mort si ce dernier se fait mordre ;
  • La vision périphérique se rétrécit : cela permet à l’homme préhistorique de focaliser son regard sur son attaquant afin de ne pas être distrait face à son attaquant ;
  • Le système reproducteur ainsi que le système immunitaire s’arrête : encore une fois, cela permet la mobilisation d’énergie pour le combat ou la fuite.

Bien que les mammouths de ce monde n’existent plus, il n’en demeure pas moins que nous sommes, encore aujourd’hui, en présence constante de ces mammouths! Du moins, selon notre cerveau…

En effet, face à un élément stressant de la vie moderne, notre corps continue à enclencher ce même processus. Bien que l’énergie générée pour combattre le mammouth était appropriée à l’époque, elle ne l’est pas nécessairement aujourd’hui si notre stress vient, par exemple, d’un échéancier serré. Dans un tel cas, nous restons avec un surplus d’énergie ce qui explique souvent nos excès de colère dans de telles situations : la colère est notamment une façon que le corps a trouvée pour évacuer ce surplus d’énergie.

 

Le méchant cortisol

Comme vous avez pu le constater, la réponse au stress enclenche plusieurs processus chimiques dans notre corps, dont l’augmentation de la sécrétion d’adrénaline, mais aussi de cortisol, appelé également « hormone du stress ». Bien que le cortisol puisse avoir une fonctionnalité essentielle lorsque nous faisons face à un grand danger, ses effets à long terme peuvent nuire au bon fonctionnement du cerveau et détériorer notre organisme à un point tel qu’il peut provoquer diverses maladies parfois graves.

Le cortisol contribue notamment à l’accélération du vieillissement. À titre illustratif, vous souvenez-vous de Barack Obama à son entrée à la Maison Blanche et de lui à sa sortie? Ne trouvez-vous pas qu’il a extrêmement grisonné? Bonjour, les effets du stress!!

 

À l’inverse, avez-vous déjà remarqué à quel point certains professeurs de yoga ou de méditation dans la quarantaine ou la cinquantaine ont l’air d’avoir encore 20 ou 30 ans? Étant plus «zen» de nature, leur taux de cortisol est relativement faible ce qui explique notamment leur éternelle jeunesse.

Comme vous l’aurez sans doute compris, bien qu’il n’existe plus de mammouths et que la vie moderne ne nous expose plus à de tels dangers, il n’en demeure pas moins que nous réagissons toujours, encore aujourd’hui, comme si tel était le cas. Ainsi, d’un point de vue biologique, psychologique et physique, nous ne faisons pas la distinction entre un mammouth ou un échéancier serré. Et c’est là tout le problème!

Dans cette vie moderne, l’humain fait constamment face à des éléments stresseurs. Or, si le stress est mal géré ou, comme mentionné ci-haut, n’est pas connu ou reconnu, il peut être dévastateur. En effet, le corps ne serait pas conçu pour endurer des doses de cortisols en continu…

 

Le stress chronique

Le stress chronique découle de l’exposition prolongée et répétée à des situations qui nous font sécréter les hormones du stress. Le problème, comme je l’ai exposé ci-haut, est le fait que nous croyons souvent à tort que nous ne sommes pas stressés. Oui nous sommes fatigués, nous avons des problèmes de digestion, nous sommes souvent malades, mais nous ne faisons pas nécessairement le lien avec le stress.

Bien que notre corps nous envoie une multitude de signes pour nous dire «Allo ! Ici ton corps. Je commence à devenir épuisé. Peux-tu relaxer stp ?», nous n’avons malheureusement pas appris à l’écouter ou, du moins, à décoder ses signes. Ainsi, le stress chronique s’installe et, petit à petit, nous nous affaiblissons ce qui pourra notamment contribuer à l’épuisement professionnel (burnout).

La Dre Sonia Lupien décrit le stress chronique «comme si nous étions sur le bord d’une falaise et que nos prédispositions génétiques et notre style de vie nous poussaient dans le vide». C’est ce qu’elle appelle l’effet bulldozer!

Pour ma part, j’aime bien faire le parallèle avec le fait de nager à contre-courant dans une rivière avec de petits rapides. Au début, puisque nous avons de l’énergie, nous pouvons nager à contre-courant et même avancer. Puis, à la longue, nous perdons notre force et sommes simplement capables de faire du sur-place. Jusque là, tout semble sous contrôle. Toutefois, ne pouvant pas relaxer ou acquérir de l’énergie supplémentaire, la rivière prendra éventuellement le dessus sur nos réserves d’énergie et nous nous ferons emporter par la courant. C’est un peu ce qui se passe avec le stress.

 

Les éléments stresseurs

Pour identifier les éléments stresseurs, la Dre Sonia Lupien nous donne le truc mnémonique CINÉ.

C pour contrôle

I pour imprévisible

N pour nouveau

É pour égo.

Ainsi, lorsque nous anticipons ou faisons face à une situation qui nous fait perdre notre sens de contrôle, qui est imprévisible, qui est nouvelle et/ou qui menace notre égo, nous sécrétons tous des hormones du stress. Pas surprenant que le stress s’installe de façon subtile! Qui ne vit pas quotidiennement des événements hors de son contrôle, imprévisibles, nouveaux et/ou qui menacent son égo?

Alors quelle est la solution? ÉCOUTEZ VOTRE CORPS!!!

Dans bien des cas, que ce soit pour gérer notre stress ou même pour savoir si nous devrions accepter une nouvelle offre d’emploi, notre corps nous parle. Oui, oui, croyez-moi!

Vous désirez obtenir des trucs pour mieux écouter votre corps et gérer votre stress? Restez à l’affût, car nous traiterons de ce sujet dans un article subséquent. D’ici là, avec l’information transmise ci-haut, nous vous invitons à vous posez la question suivante: Moi, suis-je stressé?

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